La vie continue en musique.
Ma vie tourne autour de la musique.
Je suis fils de parents musiciens. Feu mon père écrivait des comédies musicales (qui n'ont jamais marchés) lorsqu'il ne donnait pas de cours d'instruments.
Premier instrument de musique (un violoncelle) en main je devais avoir 4 ou 5 ans, mais j'ai rapidement abandonné pour me mettre au piano, puis à l'orgue, mon père professeur aidant...
A 8 ans je m'amusais à retransposer des morceaux à l'oreille sur le synthé via un Atari 1040 ST, sur un des ascendants spirituels de Cubase.
A l'âge de 12 ans, j'ai écouté sur une K7 audio "the greatests hits 2" de Queen, et ça a été un tournant dans ma vie, puisque j'ai découvert le rock, et dès ce moment là j'ai décidé de me mettre à la guitare électrique. L'année d'après j'achetais une guitare acoustique (à un voisin qu'il avait gagné à la foire) avant d'acheter à l'âge de 15 ans ma première guitare électrique, avec laquelle je faisais bien plus de bruit que de beaux morceaux !
A 16 ans j'ai voulu tout plaquer pour m'occuper pleinement du groupe de reprises que je venais de monter, en tant que guitariste chanteur. Une bonne claque dans la gueule de ma soeur et de mon père m'ont bien remis les idées en place. Les études ne suivaient pas en seconde... Sous le dictat de mon père j'ai du couper mes cheveux l'été qui suivi, et abandonner mon premier groupe à mon entrée en Première, le temps de confirmer que les notes remontaient... (simple en STT)
Les groupes se sont succédés, en 1ère j'ai intégré en tant que batteur chanteur un groupe de blues/rock, qui a splitté l'année du bac, suite à un accident de ski et une fracture de l'épaule, et parce que j'étais pas trop en accord avec le guitariste (qui manquait cruellement de rythme). L'année du BTS j'ai intégré en tant que guitariste/soliste un groupe de reprises via le bouche à oreille, groupe que j'ai quitté après être parti en Angleterre quelques mois.
Et puis j'ai atterri à Paris pour le taf. J'ai joué dans un groupe quelques mois avant d'arrêter, faute de disponibilités des zicos et de temps, le sport avait pris une part trop importante dans ma vie...
Quelques années plus tard, non sans avoir profité de ce temps pour perfectionner ma technique de guitare, j'ai freiné un peu le sport, trouvé une copine, et après maintes auditions j'ai intégré un groupe.
Groupe de "débutants", mais je n'étais au final qu'un peu meilleur qu'eux, pas assez pour intégrer d'autres groupes plus techniques.
Puis avec ma rupture amoureuse aux alentours de la trentaine j'ai trouvé un autre groupe qui a duré 2 ans, le temps de mon histoire avec fantomette...
Et puis ma dernière vie, qui a commencé par un trio qui a duré pas loin d'un an et demi, qui s'est terminé par l'arrivée d'une chanteuse qui a été le début de la fin...
2 groupes se sont par la suite enchaînés, avant un an de chômage technique, ou presque, totalement consacré à l'écriture de compositions pour un nouveau projet de groupe...
Sauf qu'en septembre, après avoir posé une annonce, je suis tombé de haut, voyant que personne ne semblait intéressé par mon écriture... ou ma voix ? ou ma mélodie, ou mon âge, ou mes attentes...
Ma copine venait de tomber enceinte, donc j'ai levé le pied, tout en restant vigilant sur les opportunités d'autres groupes déjà formés du moment.
En janvier de cette année, j'ai fait une tentative, une audition "éclair" de 30 minutes qui n'a pas du tout bien marché, ce genre de moment où vous n'attendez qu'une seule chose, c'est que ça se finisse. Et puis bébé est né, j'ai appris à moins dormir la nuit.
Ce soir j'auditionne.
Pour un nouveau trio, en tant que "papa" guitariste chanteur.
Le terme "papa" change énormément de choses, car si hier, je n'aurais eu qu'une chose en tête c'est "l'audition", là j'y vais en me disant que ça va être une soirée où je vais laisser maman seule gérer bébé.
Et puis il y a bien évidemment le doute, omniprésent dans ma vie.
Auditionner, surtout lorsqu'on porte la guitare ET le chant, c'est 1000 fois se foutre à poil.
Et pourtant je n'ai pas de quoi flipper...
"Ils" ont entendu les maquettes, donc savent comment je chante, et ma voix, même si elle n'est plus habituée à chanter 2 heures durant, est toujours au rdv (enfin je l'espère...).
Bon, mes doigts ne sont plus aussi véloces qu'avant, et il faudra sûrement quelques répèts avant que ça ne revienne. Les 2 zicos sont "2 vieux", de plus de 40 piges.
Les 40 piges je les aurai dans quelques années... Et paradoxalement, même si je me sens encore la mentalité d'un gamin de 20 ans, je pense qu'il me serait inconcevable de recruter 2 bébés de la vingtaine avec moi, parce que pas assez posé, trop foufou, trop "djeuns".
Là, on va pouvoir avoir des discussions de "papa", et c'est con, mais ça me rassure.
Une audition c'est une rencontre, et pour que ça colle, il faut que le feeling "humain" et "musical" soit au rdv.
L'un sans l'autre c'est aller au devant d'une séparation inévitable : parce qu'on en aura ras le bol que les notes soient fausses ou pas dans le rythme, ou que ça sonne putain de bien, mais une fois sur deux parce qu'il y aura des lapins de dernière minute toutes les semaines ou que monsieur bossera jamais les morceaux.
Au final, un groupe c'est un peu comme un couple, et une audition c'est un peu comme un premier rdv après de nombreux échanges. On est pressé mais on a peur que ça corresponde pas vraiment à ce à quoi on s'attendait.
Les morceaux qu'on jouera ce soir sont plutôt sympa : Are you gonna be my girl de Jets, Aeroplane des Red hot, You really got me de Kinks (seul morceau que je n'ai jamais joué en groupe par le passé), Little monster de Royal blood, et Born to be Wild de SteppenWolf.
Je suis excité autant que terrorisé, peur de décevoir ou d'être déçu, ou les deux.
Si par le passé peu importe le résultat je me serais sûrement accroché à une réponse positive, là il me faudra vraiment un bon gros coup de cœur pour choisir d'avancer avec eux, car même si ma passion pour la musique est toujours au rendez-vous, le courage, le temps, la patience pour continuer à envisager une vie de groupe digne de ce nom (incluant répèts hebdo, réservation des studios, travail et écriture des morceaux sans parler de la logistique des concerts et de la bonne entente au sein des membres du groupe, malgré tout vitale), tout ça est bien plus dur à trouver lorsqu'on a une vie de parents, et que chaque moment consacré à cette passion est un moment durant lequel on n'est pas avec bébé ou durant lequel on ne seconde pas "maman" qui a géré bébé toute la journée (et je ne parle plus des jeux vidéos, sur lesquels j'ai presque définitivement tiré un trait...)
Paradoxalement, persévérer dans le sport (en oubliant définitivement la musique donc), à raison de 2 soirs par semaine comme je le faisais jusqu'à présent, resterait une option plus facile à gérer (parce qu'il n'y a que sur les créneaux d'entrainement qu'il faut se concentrer), au delà de mon corps qui est de plus en plus dur à garder au niveau physique.
Conjuguer ces 2 passions est la 3ème option, mais est ce que passer du sport 2 fois par semaine à 1 fois par semaine ne signerait pas définitivement la fin de ma carrière de sportif, alors même que mon coach m'a demandé de resigner l'année prochaine pour une nouvelle année en nationale (ce qui impliquerait un créneau supplémentaire les week-ends, le temps des matchs...)
Devenir parent bouleverse inévitablement la gestion et l'organisation du quotidien, je m'en rends compte chaque jour un peu plus.
Keep on rocking, en attendant demain \m/