Destin ou fatalité.
Parfois, la vie vous entraîne dans des tourbillons.
Certaines fois, ce sont des tourbillons de choses positives, où tout vous réussit.
Et parfois c'est le contraire.
Il y a une semaine de cela maintenant, alors que j'étais "en intercontrat" depuis 3 jours, je me suis fait une entorse de la cheville, le soir au sport. Du genre bien vénère.
Est-ce le destin ? Ai-je fait exprès de retomber sur le pied d'un mec qui s'est dit qu'il serait plus marrant de sauter en longueur plutôt qu'en hauteur ?
Je me souviens de la scène. Mon saut. Puis je suis redescendu. Puis mon pied s'est tordu. J'ai ressenti un crac, puis j'ai hurlé, hurlé en serrant ma cheville dans la main. Il n'y a pas de "bons moments" pour avoir une entorse, mais il y en a où c'est vraiment pas facile à gérer, par exemple lorsque le nouveau né a encore régulièrement besoin d'être pris dans les bras, que ce soit pour être bercé ou pour d'autres choses. C'est tout ça qui résonnait déjà dans ma tête, les prochains jours.
J'ai rampé jusque sur le côté. Que faire ? Retirer la chaussure ? La laisser ? Chaussure pourtant montante qui n'était peut-être pas suffisamment bien serrée. Cette question me taraudera tout le reste de ma vie, est ce que si je l'avais mieux serrée...
Un coéquipier a été me chercher un sac de frites surgelés, que j'ai placé sur ma cheville commençant à gonfler.
Les prochaines heures ont commencées à se dessiner dans ma tête. Comment l'annoncer à ma copine, déjà en arrêt de travail pour cause de grande fatigue, je savais que ça signifiait la laisser tout gérer tout seul avec un handicapé sur le dos en plus les prochains jours. La question "est ce que mon entorse serait grave" étant le point central de ma réflexion. Je commençais déjà à me chercher des excuses : oui, ça m'est arrivé au sport, mais la dernière fois que cela m'est arrivé c'était il y a 13 ans, ça aurait pu m'arriver en glissant ou en ayant un accident de moto... A ce propos, comment allais-je rentrer chez moi ? En moto ou en voiture ?
Les urgences by night... Tout un bonheur. Assez pour me démoraliser et rentrer chez moi, où madame m'attendait, au courant de la chose, après un énième réveil de bébé. Je suis retourné aux urgences le lendemain, me disant que de toute façon mes jours n'étant pas comptés, je pouvais attendre quelques heures, et ne pas tomber sur un novice qui me balancerait un plâtre à cause d'un simple hématome.
Je connais la procédure... Radio pour voir s'il y a arrachement osseux ou pas. La dernière fois que ça s'est passé, je marchais le lendemain, sans béquille, uniquement avec une aircast. Peut-être que ça serait pareil.
Sauf que le réveil a été violent... Les quelques mètres me séparant des WC effectués en boitant, j'ai failli tomber dans les pommes tellement la douleur était violente... Sans béquilles je ne pourrais pas aller aux urgences...
Et puis le diagnostic est tombé, tel un couperet :
"Vous avez une fracture du péroné. Je vais vous plâtrer pendant deux semaines".
Fracture. Péroné. Plâtre. Fin de saison sportive pour moi, peut-être même définitive, lorsqu'on sait que la plupart des sportifs finissent toujours par abandonner la reprise suite à une blessure qui les éloignent trop de leur bonne condition physique d'antan.
Et puis l'annonce, à ma copine dans un premier temps. Puis à mes coéquipiers, tous choqués par la violence de ces simples mots : "fracture du péroné". Ils ont perdus le match de ce week-end, qui aurait pu pourtant pu nous rapprocher du maintien potentiel cette année. Est ce que si j'avais été là ils l'auraient gagnés ?
"Je vais vous plâtrer avec de la résine monsieur".
Oui, très bien, faites. Je ne sais plus. Je suis absent, loin, je ne suis pas là. Je refuse la réalité, ce n'est pas en train de se passer, et pourtant...
"Voilà une ordonnance pour vous faire piquer une fois par jour pour éviter la flébite".
Ah oui, bien évidemment... Il me manquait la piqure quotidienne...
Les béquilles sont à la fois devenues mes pires ennemies, mais aussi mes meilleures amies. Il m'a fallu les dompter, pour comprendre comment bien les utiliser. Mais je me traîne malgré tout pour aller d'un point A à un point B. Je contemple ma copine, galérer à gérer bébé, seule, sans pouvoir l'aider autrement que par mes mots.
4 jours durant nous les avons passés avec lui, soit parce que l'assmat était malade
soit parce qu'il avait un vaccin.
4 jours durant, il s'est endormi après de violentes crises de pleurs, nous rendant totalement dingues. On en pouvait plus. Alors c'est ça être parent ? Devenir fou face aux pleurs de son gamin qui refuse (comme moi) de dormir ?
La spirale négative n'arrivant jamais seule, notre lave-linge nous a lâché, en pleine gastro de bébé. Un bonheur. On a ensuite cru que la machine à café et le magimix fuyaient, mais par chance, ce n'était que de fausses impressions.
Une semaine maintenant que je me traîne. Une fois par jour, je sors, fais un rapide tour de quartier histoire de prendre un peu l'air. J'avance mes romans. Redoutant le retour au travail, lorsqu'il faudra y retourner, et que comme cette nuit où bébé aura peu dormi, je n'afficherai guère plus que 2 à 3h de sommeil au compteur, car le cododo fonctionne, mais bébé bouge beaucoup (trop). L'arrêt de travail de madame a été prolongé d'une semaine, et le travail avec sa psy est positif, ce qui est toujours ça de pris. Mais mon quotidien est long à vivre...
J'attends désespérément le retour positif d'une maison d'édition, tout en me préparant activement à une autopublication prochaine, le cas échéant. Lorsque je vois que certaines ME me disent "on a bien reçu votre manuscrit", que j'ai envoyé il y a 3 mois maintenant... j'ai juste envie de dire "Hey, ça fait 3 mois que je vous l'ai envoyé maintenant... Il serait temps que vous l'ayez reçu merde ! ".
L'autopublication n'est pas "réservé" aux losers dont les ME n'ont pas voulu, je dois me répéter ça coûte que coûte, je dois me convaincre que c'est vrai. 50 nuances de grey en est le parfait exemple. Et puis l'auteur de Milenium ou de Harry POtter ont eux aussi écumés les refus avant d'être signés, mais en ces moments où le doute est plus que jamais présent en moi...
Les temps sont durs.
Sur ces belles paroles, j'ai un roman à finir.